Un égoïsme et une inconscience coupables des africains
Nous sommes dans une société absurde, dans un monde sauvage où le bon sens du contrat social a disparu. Le contrôle et la sanction ne font pas partie de la culture politique africaine. Nous devons remettre l’Etat dans son rôle au service des populations, avec une meilleure répartition des revenus et une utilisation rationnelle de l’argent public. C’est ainsi que nous redresserons progressivement la situation. Pour cela l’Afrique a besoin de dirigeants responsables, capables d’analyser les problèmes et de les affronter avec courage. Si aujourd’hui la Chine est un pays qui avance à pas de géant, c’est grâce au sens de la responsabilité publique de ses dirigeants : quand il a fallu imposer l’enfant unique en vue de maîtriser les besoins des populations, ils l’ont décidé ; depuis l’année dernière, considérant que le rang parmis les pays le plus corrompu n’est pas conforme à leurs ambitions, les autorités ont lancé une campagne inédite de lutte contre la corruption qui a aboutit à des sanctions pour plus de 180.000 cadres, hauts responsables ou subalternes.
Si on peut pardonner aux premiers chefs d’Etats africains cette irrationalité économique d’avoir favorisé la corruption, aujourd’hui, après des années de retour d’expérience et le constat des dégâts induits, nous ne pouvons pas être complaisants avec des dirigeants (dont certains se veulent de grands économistes!) qui se complaisent encore dans cette pratique nuisible. Cette complaisance est révélatrice d’une inculture d’un autre âge. Les dirigeants africains doivent, ici et maintenant, engager une lutte acharnée et permanente contre ce grave fléau. Seul le caractère permanent et soutenu de ce combat développera, à la longue, une majorité de personnes honnêtes, voire intègres, pour servir la collectivité à des responsabilités diverses. Aucun être humain ne naît nécessairement saint, mais le fonctionnement général d’une société bien gouvernée peut lui inculquer de grandes valeurs morales.
La volonté populaire étant le vrai moteur de la puissance publique, nous vous invitons à rejoindre le combat pour imposer partout en Afrique la moralisation de la vie publique, la lutte contre la corruption. Le redressement des sociétés africaines est à ce prix.