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DES COMPORTEMENTS RESPONSABLES, DES POLITIQUES RESPONSABLES...

L’Afrique souffre de schizophrénie

L’Afrique souffre de schizophrénie

L’Afrique souffre de schizophrénie

May 12, 2016

La plus belle réussite de la colonisation est d’avoir fait croire aux peuples africains que seul l’usage des langues européennes pouvait leur assurer promotion politique, culturelle, intellectuelle et sociale, ouverture sur le monde et insertion dans la modernité.

La schizophrénie dont souffre l’Afrique se manifeste de plusieurs manières. Il y a d’abord ces conflits armés consécutifs à des divergences issues de l’interprétation des dispositions constitutionnelles. Comment se mettrait-on d’accord sur l’interprétation d’une disposition constitutionnelle quand on n’a pas la même connaissance de la langue d’écriture, encore moins la même compréhension des mots employés? Au-delà des conflits armés, il faut reconnaître que l’usage que les populations africaines, à quelque niveau qu’elles se situent, font de la langue française demeure problématique. Parce que le contact de ces populations avec le français demeure forcément un contact avec la culture française, il en modifie insidieusement les façons de voir même les mieux ancrées en introduisant dans leurs systèmes de pensée des éléments d’une autre vision du monde. De cette situation surgissent un certain nombre de discordances dans les pratiques langagières: souvent les mots employés n’ont plus du français que la forme et non le sens: le verbe «stigmatiser», par exemple, n’a plus son sens de «dénoncer», il revêt celui de «souligner», etc.; le verbe «fréquenter» d’habitude transitif cesse de l’être pour signifier «aller à l’école»; certains clichés comme «rougir» généralement employés au sujet des personnes à peau blanche pour exprimer la gêne ou toute autre émotion qu’elles éprouveraient au contact d’une situation donnée sont appliqués sans discernement aux Noirs, alors que ces derniers ne peuvent en aucun cas «rougir», leur couleur de peau ne s’y prêtant guère.

Plus de cinquante ans après son accession à la souveraineté nationale et internationale, pourquoi l’Afrique se refuse-t-elle à couper définitivement le cordon ombilical qui la lie à l’Occident colonisateur? Pourquoi continue-t-elle à se penser et à penser sa relation au monde dans les langues des autres, c’est-à-dire par procuration? Elle semble oublier que la dépendance linguistique est la pire des dépendances. Car aucun peuple n’est véritablement libre tant qu’il n’aura pas assumé pleinement et de façon responsable sa souveraineté linguistique. Il est évident que le développement tant rêvé n’est pas lié au progrès scientifique et technologique, mais au comportement de l’homme au sein de sa société. Ce comportement est dicté par l’esprit, c’est-à-dire la culture. Et la culture a pour fondement la langue. Négliger la langue, c’est condamner tout un peuple à tourner en rond.

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