DES COMPORTEMENTS RESPONSABLES, DES POLITIQUES RESPONSABLES...
L’Afrique est avant tout malade d’elle-même
Au tout début des années 1950, les experts de la FAO, l’organisation des Nations Unies chargée de l’alimentation et de l’agriculture, prévoyaient que quelques pays connaîtraient à court ou moyen terme des disettes graves et même des famines à répétition: c’était, entre autres pays, la Corée du Sud (la Corée du Nord étant pourvue d’immenses richesses), le Japon, l’Inde. La méthode consistait à corréler l’explosion démographique inquiétante qui était alors constatée dans les pays d’Asie et les chiffres de la production alimentaire, stable ou en baisse. La Corée du Sud n’avait quasiment pas de ressources; le Japon dispose de trop peu de terres arables pour les quelque cent millions d’habitants qu’il comptait alors; l’Inde produisait trop peu de céréales ou de riz pour nourrir une population qui a plus que triplé en un demi-siècle.
Ces prévisions étaient minées par des erreurs de raisonnement. L’Inde a résolu les disettes grâce à la “révolution verte”, en introduisant des variétés de céréales mieux adaptées au climat et en recourant à des techniques nouvelles. Le Japon et la Corée du Sud ont choisi la voie du développement industriel: grâce aux revenus qu’ils tirent des biens qu’ils exportent, ils peuvent importer toute la nourriture dont ils ont besoin. En revanche, dans les prévisions de ces experts, les pays d’Afrique étaient censés ne pas connaître de disette, encore moins de famine, ni même de difficultés d’approvisionnement. Des dizaines d’années plus tard, les prévisions sont avérées, mais pas dans les pays où il était annoncé qu’elles se produiraient. Le beau schéma rationnel et en apparence parfait a été démenti par les faits et même totalement renversé. Pourquoi?
Les pays d’Afrique, qui sont aujourd’hui menacés dans leur existence même par des crises de toute sorte, économique, sanitaire, ethnique, nationale, ont tous ou quasiment tous choisi, à partir du début des années 1960, à peine indépendants, la voie socialiste du développement. Qu’ils soient situés au Nord ou au Sud, tous ont été socialistes, à la manière soviétique ou à la manière chinoise.
Que les Africains accusent la colonisation est de bonne guerre. Ainsi ils peuvent sommeiller sereinement sur le mol oreiller de la bonne conscience bouffie. Ils n’ont pas à se flageller, cela les dispense de tout examen de conscience, ce qui est excellent pour la santé.