DES COMPORTEMENTS RESPONSABLES, DES POLITIQUES RESPONSABLES...
Le syndrome de dépendance en Afrique
Le « syndrome de dépendance » peut être défini comme une attitude ou une croyance selon laquelle un groupe ne parviendra pas à résoudre ses propres problèmes sans une intervention extérieure. Cette faiblesse est généralement aggravée par les actes de charité.
Pourquoi combattons-nous ces dépendances en Afrique ?
Lorsqu'une agence extérieure, qu'elle soit gouvernementale, une ONG internationale ou encore une mission, se présente dans une communauté et construit une installation (pour l'adduction d'eau par exemple), il est tout à fait normal que cette communauté considère que cette installation appartient à l'agence. Si, par la suite, cette agence extérieure s'en va, ou si ses financements se tarissent, les membres de la communauté ne seront pas motivés pour réparer ou entretenir cette installation.
Pour qu'une installation soit entretenue durablement, les membres de la communauté doivent se sentir responsables de cette installation. Ce sentiment de responsabilité vis-à-vis de l'installation est parfois décrit par la communauté comme un sentiment de propriété.
On s'aperçoit que, si la communauté dans son ensemble n'a pas été impliquée dans le processus de décision relatif à cette installation (planification et gestion) et n'a pas contribué volontairement aux coûts de construction, elle ne se sentira pas responsable ou propriétaire et cette installation ne sera pas utilisée efficacement, ni réparée, ni durable. On ne peut construire une installation destinée à l'usage des hommes sans prévoir dans le même temps de la réparer et de l'entretenir. Cela reviendrait à estimer, par exemple, que l'on peut manger une fois pour toutes.
Chaque année, du fait de l'accroisssement de la population, les ressources par habitant dont disposent les gouvernements s'amenuisent. Il n'est tout simplement plus possible pour les communautés de se reposer sur les gouvernements centraux pour la fourniture de services et d'installations à usage humain. Il en est de même des donateurs internationaux : les gouvernements des pays riches, les Nations Unies, la Banque Mondiale, les ONG internationales, ne disposent tout simplement pas des ressources nécessaires leur permettant de soutenir toutes les communautés pauvres dans le monde, quel que soit le bien fondé de la cause.
Si, au départ, l'autonomie d'une communauté était considérée positivement du fait qu'elle servait à promouvoir la démocratie à la base, les droits de l'homme, l'autodéveloppement et la dignité humaine, son utilité va maintenant bien au-delà. En effet, si les communautés ne deviennent pas de plus en plus indépendantes et autonomes, elles ne pourront pas se développer et la pauvreté et l'apathie auront raison d'elles.
Votre but principal comme africain est de combattre cette dépendance. La dépendance au sein de la communauté doit être réduite par toutes les actions que vous entreprenez. Toute agence donatrice doit essayer d'éviter de donner quoi que ce soit sans contrepartie car cela favorise les attitudes de dépendance. Encouragez toujours les membres de la communauté en leur disant qu'ils peuvent réaliser le projet par eux-mêmes et que vous n'êtes là que pour leur fournir certains savoir-faire et conseils. Si l'on applique ce conseil en matière de financement d'un projet, cela signifie que vous ne devez jamais offrir de ressources.
En tant qu'africain, vous pouvez leur fournir les lignes de conduite sur la manière de récolter les fonds et d'autres ressources, sur la vérification de la tenue des comptes afin qu'elle soit simple et transparente et sur la manière de transposer les donations non-financières en entrées financières. Cependant, vous devez toujours insister pour que les ressources soient obtenues par la communauté elle-même ou par une organisation basée dans la communauté, (par exemple par un comité exécutif) qui travaille pour elle et non pour vous.