DES COMPORTEMENTS RESPONSABLES, DES POLITIQUES RESPONSABLES...
Transformer la charité en devéloppement en Afrique
Le désastre peut avoir été la guerre ou la guerre civile, une immense catastrophe naturelle comme l'affaissement d’une île dans l’océan ou le trouble civil forçant les réfugiés à chercher refuge dans un pays voisin. Les personnes qui ont perdu leur maison, leur source de revenu et leur approvisionnement en nourriture, leurs moyens d’existence, leurs parents et leurs enfants, les services essentiels qui les aidaient à vivre sont celles qui ont survécu à une catastrophe telle que considérée dans ce document de formation.
Un programme d’aide basé sur une réponse d'aide à un désastre humain a déjà été mis en place, avec du personnel, et fonctionne. On subvient aux besoins immédiats de survie de la société et des communautés bénéficiaires, et la société est dans un état de transition entre un état où une réponse de secours est nécessaire et un état où une aide à la transition et au développement est demandée.
L’aide au développement désirée est celle qui contribuera à une autonomie viable (disparition de la dépendance) des bénéficiaires, dans un environnement stable et sûr.
Le moment d’apporter une réponse de secours s’efface quand le moment est arrivé de fournir une aide pour un développement durable. L’organisme en tant qu’organisation d’aide doit de ce fait être flexible et s’adapter à ces différents moments.
Pour ce faire, elle a besoin d’un personnel familiarisé avec les concepts de changement social, de développement de communauté, d’autonomie, de viabilité et de renforcement de l'autonomie, et a la volonté, les savoir-faire et l’organisation nécessaires pour une transformation interne qui puisse faire face aux besoins en constante évolution.
L’organisation et son programme devraient-elles continuer comme auparavant ? Devraient-elles s’arrêter ? Se transformer en quelque chose de nouveau ? Ou se déplacer ailleurs ? La décision peut être corroborée par l’utilisation du résultat d’une session SWOT.
Une métaphore a ses limites.
Dans celle-ci, personne ne peut défendre le fait qu’une communauté qui a fait face et survécu à une catastrophe est identique à une personne qui a eu un accident. Ce qui est pertinent, cependant, est le fait qu’il existe un parallèle entre la nature du traitement professionnel requis après une situation d’urgence et, au moment opportun, la phase plus lente, moins excitante, de rétablissement et de croissance.
Quand une personne est victime d’un accident, par exemple, se casse un os du bras, une solution d’urgence est nécessaire. Des professionnels médicaux remettront en place l’os et mettront le bras dans un plâtre. Les analgésiques (des calmants, par exemple dérivés de la morphine) peuvent être prescrits. Après quelque temps, les anesthésiques doivent être supprimés afin de ne pas intoxiquer le patient.
Le corps du patient produit des cellules osseuses qui resoudent les os, mais les muscles s’affaiblissent parce qu’ils ne sont pas sollicités. Après six semaines, quand les os ont été resoudés, le plâtre doit être retiré.
C’est douloureux et traumatique pour le patient, et les praticiens doivent être fermes et ne pas se laisser aller à l’émotion. Si on ne retire pas le plâtre, les muscles du bras vont s’atrophier et le bras s’affaiblir.
Le patient est devenu dépendant du plâtre et doit en être débarrassé s’il veut retrouver sa fonctionnalité et sa bonne santé. Le temps est alors venu du long et fastidieux travail de kinésithérapie pour redonner aux muscles et aux os du bras la force qu’ils avaient avant l'accident.
Une communauté ou une société qui subit une catastrophe humaine ou naturelle est, en de nombreux points, comparable à ce patient. Durant la période d’excitation riche en adrénaline lors de la catastrophe et pendant ses retombées, l’aide est apportée gratuitement parce qu’elle est essentielle à la survie.
Cependant, il arrive un moment où la charité peut devenir un facteur négatif et doit être remplacée par une aide au développement, visant au renforcement de l’autonomie; c’est la fastidieuse kinésithérapie. Comme les muscles du patient, les membres chargés des prises de décisions et de la responsabilité dans la communauté peuvent s’atrophier par manque de pratique.
L’assistance professionnelle doit rester calme et ferme. Il existe une tentation de distribuer une aide de secours trop longtemps, affaiblissant la communauté, peut-être parce qu’il est trop facile de continuer à faire la même chose, soit parce qu’il y a des intérêts investis dans ce qui reste, soit parce que la direction manque de vision.
Les professionnels doivent apprendre et savoir quand enlever le plâtre et entamer la kinésithérapie, quand planifier les opérations de charité et l’aide de renforcement de l'autonomie. C’est une décision difficile à prendre et il y aura toujours de la résistance à la fois de la part du personnel et des bénéficiaires.
Le programme doit être transformé. Les professionnels doivent organiser et mettre en œuvre cette transformation ; c’est un défi considérable.